François Bayrou ou le symbole de l'aveuglement des appareils politiques

Publié le par Désirs d'avenir Paris 16

 

La réaction de François Bayrou au rassemblement qui s'opère en Région Poitou-Charentes est à mon sens symptomatique. Elle mérite d'être disséquée.

François Bayrou considère donc qu'il s'agit d'un simple "débauchage". A la manière de Nicolas Sarkozy, qui par un petit coup de fil organise la trahison d'une personne vis à vis de son camp.

La position du chef du Modem montre à quel point, il est déconnecté de la réalité du terrain. Or s'il y a bien un seul et unique avantage à être militant quand on ne brigue pas un mandat électoral, c'est bien que les gens vous disent plus souvent qu'à d'autres ce qu'ils ont sur le coeur et ce d'autant plus qu'ils en ont gros sur la patate.

Or que nous disent-ils ? Ils en ont ras le bol des partis tels qu'ils sont vus par eux : des appareils éloignés de leurs préoccupations et qui servent que de supports à des batailles d'égos et des luttes pour des places. Ces remarques quotidiennes voire ses railleries sur notre engagement politique est confirmé par les études socio-politique comme celle réalisée récemment par le Cevipof à laquelle le blogueur Marc Vasseur a consacré un article (clic clic clic).

Proposer à l'un de vos ami(e)s de rejoindre un parti et il a de fortes chances de vous répondre qu'il préfère donner son temps à une action concrète et utile : cours d'alphabétisation, parrainage, aide humanitaire, Restos du coeur, etc... Loin des batailles d'appareil et des guerres de chefs.

Or ce que François Bayrou traite devant les médias nationaux comme un vulgaire débauchage, c'est un rassemblement politique qui a tous les ingrédients pour susciter l'adhésion des électeurs, sur le terrain. Y compris ceux qui désespèrent de la politique et en sont les plus éloignés.

Il se réalise d'abord autour d'un projet. Un projet très concret, ancré dans la réalité locale, basé sur une parole tenue, celle de Ségolène Royal. Ce projet Ségolène Royal l'a aussi co-réalisé avec les citoyens de sa région au cours d'un programme d'ateliers cantonaux. Près de 150 réunions cantonales rassemblant plus de 8 000 personnes se sont tenues sur la base du bilan de la Région Poitou-Charentes au cours du mandat. L'ensemble de ces travaux a permis de dégager 23 propositions concrètes qui sont intégrées au projet régional.

Le rassemblement, l'unité autour de Ségolène Royal est une démarche de longue haleine, en phase avec les valeurs de la gauche. Ségolène Royal a plusieurs fois tendu la main à François Bayrou et à toutes les forces de progrès. Aussi, je me souviens par exemple de ce débat avec Olivier Besancenot organisé par l'hebdo Marianne. Ce sont d'ailleurs les luttes de terrain menées par Royal et les équipes de la région Poitou-Charentes qui font que deux ouvriers, Guy Eyermann, ouvrier chez Fabris et leader syndical CGT, Emile Brégeon, ouvrier chez Heuliez et leader syndical CFDT aient accepté de figurer sur la liste des régionales et ont ainsi rejoint l'équipe de Ségolène Royal.

Et puis avec Alexis Blanc, c'est le Modem de Charente-Maritime qui a pris la décision de faire l'unité dès le premier tour. Une décision collective des adhérents et miltants du département. D'ailleurs Christophe Ginisty, ancien du Modem Ile-de-France et invité sur LePost, félicitait le courage d'Alexis Blanc et regrettait que l'appareil d'Europe Ecologie n'ait pas de son côté ouvert les bras à d'autres fédérations du Modem prêtes aussi à faire l'union dès le premier tour (lire ici l'article de Christophe Ginisty).


François Bayrou a donc choisi d'ignorer tout cela. Et d'ignorer ses propres appels à travailler ensemble. Il agit en homme d'appareil et défend un appareil qui cherche à servir ses propres interêts plutôt que ceux de la collectivité. En cela, il fait le contraire de ce qu'il déclare depuis 3 ans.

 

 

                                                                                           S--gol--ne----Melle.JPG                                                                                                                       Par Richard Trois

Publié dans Analyse

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