Compte-Rendu du Colloque Afrique-Europe

Publié le par Désirs d'avenir Paris 16

Et pendant ce temps, Ségolène Royal… Elle n’allait tout de même pas rester à l’écart, garder le silence pendant que la direction socialiste s’active sur la scène médiatique.

Mais elle n’allait pas non plus faire comme les autres et commenter ces élections européennes qu’elle observe d’assez loin. Pendant que les ténors de Solferino tentaient un peu laborieusement de recadrer leur campagne, Ségolène Royal tenait lundi 18 mai la « deuxième université populaire et participative » de Désirs d’avenir consacrée aux relations avec l’Afrique, au théâtre Dejazet, à Paris.
Une façon de marteler son credo sur la mondialisation, donner du contenu à son projet et, aussi, signifier sa complète autonomie par rapport à l’agenda du PS. Entourée d’intellectuels français et africains ayant pour la plupart répliqué sans ambages au discours de Dakar de Nicolas Sarkozy, l’ex-candidate socialiste à la présidentielle a délivré un message calibré, comme d’habitude, pour faire jaser. On se gaussait de sa façon de demander pardon à l’Afrique ? Ségolène Royal en rajoute. « Pardon pour l’esclavage et la colonisation, merci pour tout ce que l’Afrique a apporté à l’Histoire et pour sa participation à la Libération de la France et s’il vous plaît, construisons ensemble notre avenir commun » a-t-elle lancé.
Ceux qui adorent vont adorer, ceux qui détestent vont détester.


« Il n’est pas question de repentance, a-t-elle précisé. La repentance se replie sur elle-même, la repentance est dépressive ». Autre mise au point, formulée hors champ par les porte-parole de Ségolène Royal : aucun colloque sur le thème du pardon n’a été mis en chantier…
Dans son intervention, il fut question d’Europe, d’Afrique et « d’un monde dans lequel l’hégémonie occidentale n’est plus ». Mais des élections européennes, point. En fait, le scrutin du 7 juin fit une apparition quasi-subliminale ; on vit s’installer au premier rang de l’assistance José Bové, qui n’était pas annoncé au programme. Invité par Ségolène Royal (qui, précise son entourage, avait adressé la même proposition aux autres socialistes mais aussi au PC) celui qui conduit la liste Europe-Ecologie dans le Sud-Ouest dut repartir – il avait un train à prendre – au bout de trente-cinq minutes sans avoir pris la parole. Mais non sans croiser, en coulisses, les journalistes. Cela lui aura permis d’expliquer tout son intérêt « pour les relations entre l’Europe et l’Afrique », souligner qu’il était « ravi de débattre de vraies questions concernant l’Europe » et faire savoir qu’il était « assez libre pour accepter une telle invitation ». Jusqu’alors un peu boudé par les médias, José Bové a trouvé une occasion de se faire entendre. Et Ségolène Royal l’opportunité de confirmer sa capacité d’attraction et son sens de l’ouverture. Un jeu « gagnant-gagnant », selon l’une des expressions favorites de la présidente de la région Poitou-Charentes.

Cette séance au Dejazet, desservie par son intitulé digne de la collection des « Que sais-je ? » (« L’avenir commun de l’Afrique et de l’Europe du XXI ème siècle ») aura permis d’entendre les deux grands témoins de la soirée. Le toujours très combatif Stéphane Hessel et Elikia M’Bokolo, historien et directeur d’études à l’Ehess, qui a rappelé qu’en trois décennies, la part du PIB des pays européens consacrée à l’aide au développement est passé de 0,45% à 0,30%.
Interrogée par l’AFP , Ségolène Royal a tout de même évoqué les européennes. Pour confirmer sa présence au meeting de Rezé, près de Nantes, le 27 mai au côté de la première secrétaire. « Les socialistes peuvent compter sur moi dans les moments difficiles » a-t-elle souligné. La rue de Solferino dont le message du jour était : « tout est sous contrôle et les sondages ne nous affolent pas le moins du monde » aura sûrement apprécié.
                                                                                                                                     Jean-Michel Normand (Le Monde)

Publié dans Ségolène Royal

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