La France fait piètre figure

Publié le par Désirs d'avenir Paris 16

Ils sont des millions, en France à avoir voté pour Nicolas Sarkozy. Pourquoi ? Ils pensaient qu’il y avait trop de fonctionnaires, trop de taxes, trop d’insécurité. Ils pensaient que la Droite saurait mieux gérer le pays que la Gauche et les Ecologistes. Combien sont-ils, aujourd’hui, à considérer que la France est dans une meilleure situation économique, sociale et culturelle que la France d’avant Sarkozy ?

Ce qui a préservé (un peu) l’économie française dans la tourmente de la crise, tout le monde s’accorde là-dessus, c’est la protection sociale à la française, qui sans être faramineuse a joué un rôle d’amortisseur et la prime à la casse automobile : autrement dit, l’Etat Providence et l’Etat interventionniste, deux piliers que l’UMP entendait justement détruire (on dit moderniser en novlangue) jusqu’à ce que la crise financière imposât au grand chef de retourner sa veste en apparence.

Les Français méritent-ils la tourmente actuelle ? Question un peu stupide, et beaucoup moins intéressante que celle de savoir à qui a profité la politique sarkozienne.

Aux chômeurs ? La loi sur les heures sup a plutôt freiné les embauches et le chômage explose, tandis que les indemnisations ne sont pas relevées. Aux salariés ? Le stress au travail a grandi, les conditions de travail ont empiré. Les seuls qui aient véritablement profité de la politique sarkozienne, ce sont les assujettis à l’Impôt sur la fortune. Pour le reste, sont gagnants, par la pensée, tous les idéologues de droite, ces millions de Français qui croyaient (croient encore ?) à la vertu de la croissance (du PIB) et de la consommation, au mal incarné par les fonctionnaires, par les sociologues et autres peigne-cul. Ces gens-là, mes frères, ont une caractéristique majeure : ils ne considèrent pas 90% de la pub comme une pollution mentale, et ils ne jugent pas négativement la société de (sur)consommation…Ils sont englués dans le système, libres en apparence, mais tellement « petits soldats » ! Et jouets, sans doute, de leurs propres insuffisances.

Car à l’évidence, la crise actuelle, qui ne fait que commencer, est l’aboutissement de notre société de consommation/spectacle avec tout ce qu’elle implique de déséquilibre entre l’être et l’avoir, de manipulation consciente ou inconsciente (les marques) ; avec tout l’individualisme qu’elle induit, un individualisme aboyeur dont le maître mot serait « no limit ». 
Revenus du travail et du patrimoine ? No limit.
Consommation jetable ? No limit.
Voitures 4x4 ? No limit.
Bêtise télévisuelle et téléréalité
 ? No limit. 
Seules limites acceptables à leurs yeux : sans doute la part des immigrés en France et le poids des fonctionnaires…

J’oubliais une autre catégorie de Français qui objectivement se frottent les mains de la politique UMP : ce sont les entreprises de pari en ligne, de poker et tous les pourvoyeurs de jeux d’argent. Il est à cet égard saisissant de voir l’UMP réduire les taxes sur les riches et libéraliser les jeux d’argent sur Internet. Que sont les jeux de fric sinon un impôt sur les pauvres ? Un motif d’espérer, répondra-t-on. Pauvre France d’après.

Je ne prétends pas détenir la solution et je ne prétends pas imposer ma vue aux autres. Simplement, au fil des ans (j’en ai 38) je suis arrivé à la conclusion que la déroute financière et économique, productrice d’inégalités croissantes et de souffrance, est l’aboutissement de l’idéologie majoritaire et qu’elle est entretenue par notre société du spectacle/divertissement.

Je m’explique : c’est la pensée économique dominante des 30 dernières années qui a conduit au surendettement aux USA et au UK, aux exigences de rentabilité, à la désindustrialisation (via la suppression des taxes douanières et l’entrée de la Chine dans l’OMC) ainsi qu’au poids démesuré des actionnaires. Ces 4 éléments étant des facteurs-clef de la crise. Pour ce qui est de la société du spectacle et de divertissement : que ce soit la TV bouffeuse d’audience, les parcs de loisirs (hauts lieux de formatage) ou l’Internet addictif (jeux et porno), ils ont une caractéristique majeure en commun : divertir, détourner l’attention, disqualifier les pensées complexes (zapping !).

Maintenant la population qui pourrait construire autre chose est dans un sale état de lassitude, d’indifférence ou d’égoïsme. La part des réformistes engagés diminue, laissant la place aux petits soldats d’un côté (majorité) et aux révolutionnaires (à la marge). Les espaces grand public d’instruction et d’ « éclairage » sont réduits à quelques lampadaires pour initiés : Arte, Radio France, havres critiques (je simplifie) noyés dans la grande soupe de l’ « entertainement ».

J’ai longtemps cru qu’il convenait de limiter drastiquement les revenus (5000€ mensuels en temps de crise ça suffit !) et la présence de la publicité dans notre environnement. J’ai longtemps cru qu’il convenait d’enseigner l’histoire différemment, d’inciter à la spiritualité et à la méditation, de partager le travail, de laisser beaucoup plus de place aux femmes dans les instances de pouvoir, de limiter le cumul des mandats. J’ai longtemps cru que le pouvoir déclenche une accoutumance qui fait oublier l’intérêt général. J’ai longtemps cru que les procureurs (la justice) devaient être indépendants du parquet. J’ai longtemps cru qu’en matière de santé publique il vaut mieux prévenir que guérir et qu’en matière de paradis fiscaux, il faut tout proscrire.

 

Je n’ai jamais cru à la France d’après mais à tout cela je crois toujours.

 

Mais dites-moi, ô lecteurs d’Agoravox, pour qui devrais-je voter Dimanche 14 mars sans renier mes convictions?


                                                                           AGORAVOX

Publié dans Ils ont osé le dire!

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